En Turquie, les intoxications liées à l’alcool frelaté sont devenues monnaie courante, conséquence directe de la hausse vertigineuse des taxes sur les boissons alcoolisées. Dans la métropole d’Istanbul, pas moins de trente-sept personnes ont perdu la vie en six semaines après avoir consommé ce type d’alcool.
Le gouvernement d’Istanbul a révélé que depuis le 1er novembre 2024, “37 personnes ont perdu la vie, 77 personnes ont été empoisonnées, dont 17 qui continuent de recevoir des traitements en raison de la consommation de l’alcool frelaté”. Quatorze individus, suspectés d’être à l’origine de la distribution de cet alcool, ont été arrêtés.
Le phénomène n’est pas nouveau en Turquie. Déjà, à la fin de l’année 2021, une vague de décès avait frappé plusieurs provinces, avec au moins vingt-cinq personnes mortes en quelques jours. L’année précédente, une quarantaine d’autres avaient également succombé à des intoxications similaires.
Le raki, boisson emblématique turque, est particulièrement touché par cette hausse des prix. Son coût atteint environ 1.300 livres turques le litre dans les supermarchés, dans un contexte où le salaire minimum est de 17.000 livres. Cette situation incite certains à se tourner vers des alternatives illégales et dangereuses.
Recep Tayyip Erdogan, le président turc, est souvent critiqué par ses détracteurs pour son opposition à l’alcool et au tabac, perçue comme une tentative d’imposer une islamisation de la société. Cette position s’est traduite par une politique fiscale sévère sur les produits alcoolisés.
La production clandestine d’alcool ne cesse de croître, alimentée par la demande d’une population cherchant des solutions plus abordables face à cette inflation des prix. Les intoxications mortelles sont devenues le triste corollaire de cette économie souterraine, posant un défi majeur aux autorités turques.
