La cour criminelle départementale du Morbihan sera mobilisée pendant plusieurs mois pour le procès de Joël Le Scouarnec, ancien chirurgien accusé de viols et d’agressions sexuelles sur de nombreux enfants. Selon le procureur de Lorient, Stéphane Kellenberger, il a été officiellement renvoyé devant cette juridiction.
Cette affaire est considérée comme l’une des plus grandes affaires de pédocriminalité en France, avec plus de 300 enfants victimes présumées. Les crimes auraient été perpétrés sur plusieurs décennies, au fur et à mesure de ses déplacements professionnels dans différentes régions, dont le Morbihan, l’Indre-et-Loire, le Finistère et la Charente-Maritime.
Près de 293 familles sont impliquées dans ce procès. Toutefois, plusieurs dossiers ont été écartés en raison de la prescription. L’instruction, achevée en juillet, compte plus de 750 pages et sera bientôt portée devant la cour criminelle de Vannes. Le procureur général près la cour d’appel de Rennes a indiqué que le procès devrait se tenir en 2025.
« C’est une affaire d’une ampleur exceptionnelle, qui va nous demander beaucoup de travail et d’organisation en amont. L’ordonnance du juge d’instruction devrait être connue dans les jours qui viennent, s’il n’y a pas de recours », a précisé le magistrat. Le procès pourrait durer entre trois et quatre mois, selon le secrétaire général de la cour.
Pour donner une idée de l’ampleur de ce procès, on peut le comparer à celui des viols de Mazan, qui nécessite 69 jours d’audience pour juger Dominique Pelicot et ses 49 coaccusés. Dans l’affaire Le Scouarnec, un seul homme sera dans le box des accusés.
Joël Le Scouarnec, âgé de 72 ans, a déjà été condamné par la cour d’assises de Charente-Maritime à quinze ans de réclusion criminelle pour des crimes similaires commis dans les années 1990. Il avait fait appel de cette condamnation. L’affaire avait éclaté en 2017 après la plainte d’une fillette de six ans.
Les enquêteurs avaient découvert des écrits glaçants chez le chirurgien, où il se décrivait comme un « exhibitionniste, voyeur, sadique, masochiste, scatologique, fétichiste, pédophile » et ajoutait : « Et j’en suis très heureux. » Dans ses carnets, il listait ses victimes sous les termes « vulvettes » pour les filles et « quéquettes » pour les garçons.
Le médecin profitait de l’isolement ou du sommeil des enfants pour commettre ses actes, en évitant toute pénétration avec son sexe. Les détails de ces atrocités sont consignés dans les carnets retrouvés par les enquêteurs.