Des soldats israéliens, armés et masqués, ont effectué une opération dans les bureaux d’Al Jazeera à Ramallah, en Cisjordanie, le 22 septembre 2024. Cette intervention a abouti à la fermeture de la chaîne qatarie pour une durée de 45 jours, un acte que la chaîne a qualifié de « criminel ».
Le 12 septembre, le gouvernement israélien avait déjà pris des mesures contre Al Jazeera en révoquant les cartes de presse de plusieurs de ses journalistes. Cette décision faisait suite à l’interdiction de la diffusion de la chaîne et à la fermeture de son bureau en Israël, ordonnée le 5 mai. Jusqu’à présent, ces restrictions n’avaient pas affecté le travail de la chaîne en Cisjordanie, un territoire occupé par Israël depuis 1967.
Ces actions s’inscrivent dans le cadre d’une législation adoptée par le Parlement israélien en avril, permettant des mesures contre les médias étrangers jugés comme menaçants pour la sécurité de l’État. À Doha, Al Jazeera a dénoncé ce « raid » et la « saisie » de son matériel, affirmant que cela représentait non seulement une attaque contre la chaîne, mais également un « affront à la liberté de la presse et aux principes mêmes du journalisme ».
L’armée israélienne a justifié cette opération en affirmant que le bureau de Al Jazeera était utilisé pour inciter à la violence et soutenir des activités terroristes. Elle a également précisé que les émissions de la chaîne mettaient en péril la sécurité publique dans la région et en Israël.
Depuis le début du conflit, quatre membres du personnel d’Al Jazeera ont perdu la vie. L’armée israélienne a régulièrement accusé les journalistes de la chaîne d’être des « agents terroristes » liés au Hamas à Gaza, accusations que Al Jazeera rejette fermement, affirmant que les forces israéliennes ciblent systématiquement ses employés.
Fin juillet, deux journalistes de la chaîne avaient été tués par une frappe israélienne à Gaza. « Cette attaque s’inscrit dans une campagne de ciblage systématique » contre les journalistes d’Al Jazeera, a déclaré le média à l’époque. L’Association de la presse étrangère en Israël a exprimé son « profond trouble face à cette escalade » et a appelé Israël à « reconsidérer » sa décision.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a également exhorté les autorités israéliennes à « cesser de harceler » Al Jazeera. Carlos Martinez de la Serna, directeur des programmes du CPJ, a souligné que « les efforts d’Israël pour censurer Al Jazeera portent gravement atteinte au droit du public à l’information sur une guerre qui a bouleversé tant de vies dans la région ».
